Ligne éditoriale

Partout où règne un silence politique, il faut prendre la parole. Partout où une parole fait sens, il faut faire écho. Passer le message, c’est faire passage. Les mots justes trouvés au bon moment sont de l’action.

Hannah Arendt

La ligne éditoriale que nous déployons pour les analyses et les études est le fruit d’un travail de plus de vingt-cinq ans dans le domaine de l’oralité et de ses « expressions-créations-actions » contemporaines. Par ailleurs, si elle reste un complément à nos réalisations, elle définit une structure qui charpente notre action. De plus, elle propose un canevas qui est un référent tant pour mener à bien les projets que pour les faire partager au plus grand nombre.

Elle nous permet de répondre au plus près au cahier des charges et de donner une visibilité à notre action en même temps qu’à ses soubassements idéologiques et politiques (investissement dans les questions de la Cité !). 

Montrer donc, défendre, proposer et rendre pratique et théorie de la pratique plus présentes, proches et compréhensibles au plus grand nombre.

Par ailleurs,  elle a pour objectif de garantir :

  • La cohérence dans les contenuset entre eux
    • Cohérence dans le temps (notre souci de l’Histoire de notre discipline et de ses actions, réalisations, pensées et mouvements), 
    • Cohérence dans l’espace (nos terrains de jeux dirons-nous) sont les cultures populaires dans toutes leurs acceptions, des plus locales aux plus globales, des plus singulières aux plus visibles, des plus inconnues voire méprisées aux plus présentes politiquement sur le terrain des luttes (l’altérité, le féminin, l’écologie, l’imaginaire notamment).
  • La définition d’une théorie de la pratique par la mise en relation et en confrontation de notre réflexion théorique (sur le cadre, les enjeux et les publics), avec notre pratique au départ de ce cadre, de ces enjeux et avec ces publicsdits cibles. Aucune trajectoire véritable des artistes praticiens et militants de l’oralité n’a jamais pu faire l’économie de s’interroger sur sa pratique, c’est-à-dire de la théoriser, de lui donner un cadre, une sémantique et une grammaire sans quoi aucune réflexion globale sur la société qui nous est proposée n’aurait de pertinence.
  • Un positionnement critique qui trouve son développement dans ce que nous avons intitulé conclusions provisoires. Ce positionnement critique orienté dans son point de vue n’est jamais partial et, par le truchement de ce que nous appelons « questions en attente », laisse la liberté à chacun de chercher sa propre posture, de déconstruire les stéréotypes et de questionner l’image d’une réalité construite par d’autres et de la comprendre autrement. Par ailleurs, ce que nous proposons en aval des actions construit cette autonomisation de pensée et de réflexion en amont lors des rencontres que nous élaborons comme des lieux de confrontation entre théorie et pratique, au départ des grands axes de nos recherches culturelles, artistiques, et sociales.

La ligne éditoriale entend ainsi répondre aux questions suivantes :

Le pourquoi ?

La Mémoire, l’Histoire et leur Transmission sont au coeur de notre engagement et fondent la spécificité de l’association. Ces grands axes s’imposent parce que ces questions sont prédominantes et incontournables dans les grandes métropoles occidentales (dont Bruxelles où nous sommes ancrés), caractérisées par une multiplicité de langues, de cultures, d’origines, de pratiques cultuelles et culturelles qui se retrouvent au cœur des enjeux sociaux et culturels.

Pour investir ces questions, l’outil majeur et moteur de notre action, c’est La Parole ou plutôt Les paroles qui conjuguent l’oralité vivante et l’écriture. Nos productions tournent ainsi autour du verbe, des langues, des langages (notamment artistiques), des mots… mis en relations avec les images, à la fois celles du réel de nos vies et celles issues de nos imaginaires. En résumé, nous utilisons la parole pour investiguer le présent et le passé, le réel et l’imaginaire, et les positionnements critiques qui en découlent. Dans cette perspective, nous proposons comme thématique le chemin des mots.

On pourrait nous opposer, nous en sommes conscients, un supposé paradoxe qui consisterait à poser la question suivante : si vous défendez une démarche en Éducation Permanente par l’oralité, par la parole, pourquoi valoriser des écrits ? Nous soutenons avec preuves à l’appui (bientôt vingt cinq ans de pratiques et de théorisation de la pratique) qu’il n’y a aucun paradoxe en la matière sauf à ignorer :

  • Que l’oralité c’est de la littérature (on dit littérature orale !). C’est-à-dire une mise en mots, en discours, en argumentations… du réel.
  • Qu’en Occident, l’écrit et l’oral depuis au moins le 15ème siècle sont indissociables. Depuis cette période, l’histoire et la mémoire de ce que l’on appelle les sociétés de tradition orale, ont été transmises, transcrites, transposées, traduites (trahies parfois) dans et par l’écrit. 
  • Qu’en conséquence, le passage par l’écrit n’est donc pas sa propre valorisation au détriment de la parole mais l’instrument dont se dote l’oralité pour perpétuer sa mémoire, la transmission de ses corpus sociaux et culturels et artistiques, et pour ancrer son action dans le réel contemporain.

Le « pour qui « ?

Nous proposons les analyses en direction des publics concernés par nos productions à savoir les participants au sein du champs associatif en FWB, les partenaires, les adhérents et sympathisants.

Par ailleurs, au vu des actions que nous menons en Éducation permanente, il nous a semblé important de diffuser les réflexions et les points de vue critiques y afférant, auprès d’un public plus large que celui avec lequel nous travaillons en première ligne.

Parce que si les enjeux de la Mémoire, de l’Histoire et de la Transmission sont immédiatement partagés, il nous faut convaincre que la théorisation de nos pratiques vaut pour tout un chacun. Tout d’abord comme levier pour l’émancipation de sa trajectoire individuelle.

Ensuite pour son inscription dans une histoire collective faite de luttes indispensables au mieux-être des classes populaires dont nous sommes issus et qui œuvrent à nos côtés. Enfin et pour résumer, nous dirons que dans notre démarche politique dont le cœur est de s’opposer aux cadres admis comme immuables et uniques, nous tenons à ce qu’un maximum d’enjeux de nos pratiques reviennent aux publics que nous rencontrons, d’une manière ou d’une autre.

Le « comment » ?

Les analyses reviennent au public sous différentes formes. Celles – ci s’inventent au regard du sujet, des modalités, des milieux dans lesquels elles s’ancrent et se déploient. Elles se développent par les moyens de :

Publications sous différentes formes (livrets, et bientôt affiches, cartes postales…) (voir ci-dessus pour les relations entre les écrits et l’oralité).

Lectures vivantes lors d’événement de diffusion des productions et rencontres systématiques d’après spectacles qui ouvrent toujours des perspectives vers de nouvelles actions.

Enregistrement des textes par des artistes. Diffusion sur le site et sur le web et lors des événements sous forme de rencontres (sorte de cafés philo. Durant celles-ci  et à partir d’extraits des analyses et études, discussions avec les publics sur les pratiques et ce qu’elles sous-tendent politiquement. Cela, pour nous permettre de jauger d’une manière pratique et précise les contours de nos propositions et réalisations.

Elle accompagne le texte sous formes diverses (photos, collages, dessins,…). Cette dimension vient du fait que l’oralité, ce sont bien sûr des mots agencés pour porter un message et une pensée. C’est aussi une suggestion chez le partenaire (c’est ainsi que nous nommons les auditeurs-participants), d’images mentales seules capables à la fois de transcender la parole et de lui donner corps et action !

Les objectifs déployés pour la diffusion de nos analyses et études

Avec une attention portée à la diffusion auprès d’un large public la ligne éditoriale que nous déployons a pour objectif de garantir :

    • La cohérence dans les contenus et entre eux.

    • La définition d’une théorie de la pratique par la mise en relation et en confrontation de notre réflexion théorique. Cette réflexion théorique se base sur le cadre, les enjeux et les publics.

    • Un positionnement critique qui trouve son développement dans ce que nous avons intitulé conclusions provisoires.
      Ce positionnement critique orienté dans son point de vue n’est jamais partial et, par le truchement de ce que nous appelons « questions en attente » laisse la liberté à chacun de chercher sa propre posture, de déconstruire les stéréotypes, de questionner l’image d’une réalité construite par d’autres et de la comprendre autrement.