Ces lieux que je croyais connaître

Projet mené en 2020 et 2021 (service)

Conception : Jean-Paul Tournay
Coordination : Magali Mineur
Production: Théâtre de la parole
Partenaires : TEFO asbl
Artistes Intervenants : Jean-Paul Tournay

Avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles (Education Permanente)

Elaboration


Ces lieux que je croyais connaître…, ce service a été conçu et réalisé par le Théâtre de la parole dans le cadre de l’Education populaire et permanente. Il fait le constat des dispositions prises par le pays, les autorités et les services d’accueil pour répondre, autant que se peut, aux besoins des émigrés. 

Mais le Théâtre de la parole s’abstient de tout jugement à cet égard et par la pratique de ce service, l’association peut combler le fossé qui existe toujours entre les modalités d’accueil et le vécu réel et personnel qui habite ces femmes et ces hommes, ici et parmi nous.

L’aveu du récit de leur parcours est générateur de leur confiance en nous et moteur de leur enthousiasme à vivre.

Dans le cadre du triptyque définit ailleurs, CES LIEUX QUE JE CROYAIS CONNAITRE prend une démarche critique différente et un sujet différent de celui de LES AMES DE LA VILLE, considérant que les questions d’immigrations, de l’accueil des émigrés, de leur intégration.

Ces questions ont déjà fait l’objet, dans l’immeuble Le Prieur, d’une exposition-expliquée illustrée des dessins et photos. S’y ajoute ici une donne nouvelle qui est celle du mouvement et de la cartographie.

Ce service est tout à fait différent de l’exposition tenue il y a un an au PointCulture (Botanique-Bruxelles), laquelle faisait l’histoire et la cartographie des mouvements et des flux migratoires selon le tracé des trajets, les quantités, la chronologie dans l’histoire mondiale. Comme support des indications de flux (fond de plan, cet excellent travail avait pris des formes des cartes géographiques telles que connues aujourd’hui).

Notre observation critique de cette exposition avait indiqué le caractère essentiellement « descriptif » des tracés des flux migratoires sans en lustrer les évènements qui les jalonnent. C’est cet aspect qui nous interpelle pour en faire une cartographie ludique, pédagogique pour l’apprentissage des cartes géographiques

  • Le cadre

Ce projet s’inscrit dans la philosophie du Théâtre de la parole : défendre le patrimoine et le matrimoine oral, répondre à des objectifs sociaux, s’inscrire dans un thème de recherche, s’adapter aux publics et aux thèmes développés par les structures d’intégration sociale, d’aide au développement, mais surtout initier et accompagner le développement de la pensée critique dans tous les domaines et grâce au citoyens.es et à la dimension collective. Ainsi le Théâtre de la parole sensibilise aux droits culturels tout en faisant place à une culture toujours en train de se modifier, de se faire, de se transformer. Cela même lorsque le contexte social et éducatif est rigide, voir normatif, dans un mouvement permanent de changement des représentations.

Ce service décrit ici est un moyen pour permettre à un public et quel qu’il soit à distinguer et comprendre les questions soulevées, à l’autoriser à devenir acteur d’une nouvelle appréciation de l’espace urbain, de ce qui le crée et le gouverne. En cela les personnes qui suivent des cours d’apprentissage du français sont invitées à préciser leur pensée, leur formulation et sont accompagnées dans un processus de découverte de la langue française pour « dire » l’espace public.

Examiner les sentiments que l’on peut vivre devant l’âme des choses et leurs aspects matériels conduit à une perception de notre environnement et des politiques qui le gouverne plus complète.

Hormis notre apprentissage et notre connaissance ainsi acquise des conditions d’accueil, des mesures et des dispositions prises pour leur acceptation politique, pour leur intégration dans nos villes, nous abordons spécialement les mouvements migratoires de ces personnes humaines.

Malgré toutes les mesures qui sont prises par la ville, le pays,… une part d’ombre considérable existe et sera analysée. Il s’agit de ce qui se passe durant le voyage.

Notre terrain d’investigation est, ici, celui du vécu des émigré.e.s et cela précisément dans le « voyage » accompli par eux.elles.

Le travail de mise au point du service s’est étudié et expérimenté avec un groupe d’environ quinze à vingt personnes adultes d’environ quarante à cinquante ans, femmes et hommes par moitié. La plupart ne comprenaient que quelques mots de français malgré que pour certain.e,qu’il.elle.s soient depuis longtemps sur Bruxelles tandis que les autres viennent d’y arriver.

  • Plus précisément les enjeux

Après la volonté de découvrir le comment des trajets, nos enjeux sont :

*De pouvoir interroger ces personnes et recueillir leur propos, les sentiments, les évènements, depuis le lieu de départ jusqu'à Bruxelles, notamment,
* Y ajouter aussi une volonté de favoriser leur capacité à s’adapter à notre administration,
* Facilité leur intégration dans la ville, dans ces lieux que nous devrions tous connaitre, 
* Agir en donnant confiance et permettre la prise de parole
* Visualiser les itinéraires et œuvrer à une pédagogie originale de la géographie
* Donner les moyens de s’y reconnaitre et de s’y retrouver de manière ludique ou moins stressante ;

  • Présentation du partenaire

ASBL LE TEFO

Le Centre Tefo est une association créée en 2001 et située dans le quartier de la Senne, à deux pas de la station de pré-métro Yser. Ils proposent un panel d'activités très varié pour petits ( soutien scolaire, …) et grands ( cours d'alphabétisation, cours de FLE, parcours d'intégration pour primo-arrivants)

Nos travaux se sont déroulés pratiquement au sein des ateliers d’alphabétisation de l’asbl TEFO Bruxelles. Nos travaux préparatoires se sont effectués au sein des locaux des associations Le Théâtre de la parole & de Réflexive, pour ce qui concerne l’analyse critique dans des débats et lecture diverses.

Une première recherche débouche sur la mise au point de modalités de communication verbale.

  • Travail préparatoire

En guise d’outil, de moyens de communication, il s’avéra utile de définir une procédure de communication adaptée. Il ne s’agissait pas d’acquérir un vaste vocabulaire ; il s’avérait essentiel d’apprendre et savoir pratiquer quelques mots-clefs (verbe, sujet, complément).

Ce premier apprentissage fut consolidé par des media différents : le dessin, l’image, un raconté émaillé d’émotion mimée, que ce soit d’abord dans le chef des intervenants avant que les apprenant.e.s fassent de même. D’autres modalités permirent encore d’établir un climat de respect et de grande confiance.

Malgré cette précaution, une difficulté apparu rapidement pour localiser les émotions vécues, les évènements, les joies et drames,… tout le long de leur itinéraires. Cet handicap sera changé en avantage culturel par l’utilisation d’une approche générale particulière :

Celle basée sur le Récit, forme étudiée également au Théâtre de la parole, répond à des règles simples et impératives mais que les apprenants connurent rapidement.

Pour lever la zone d’ombre qui recouvre l’itinéraire du voyage durant toute sa durée (reconnaissance qui n’est franchement pas abordée par l’administration et les services d’accueil), nous pratiquerons donc une approche personnalisée : celle du récit personnel.

Dans l’organisation du récit (Qui, Quand, Quoi, Où), le lieu (les où) furent abandonnés momentanément, pour concentrer la communication et le travail sur le Qui et le Quoi. Ceci était apparemment chose plus facile. A cet endroit, le raconté de ce qui s’y passait par Qui aussi agissait, donnait des éléments (monument, caractéristique de la ville, le port, une route, un paysage… pour identifier Où  (avion = aéroport = ville de…); même si le nombre d’éléments descriptifs mémorisés est restreint), l’évènement apparaissait facilement appartenir à une ville en particulier.

Plusieurs raisons à ce choix*

* La très faible connaissance du français parmi les émigré.e.s implique une aide par l’exemple (l’artiste-intervenant simulait un de ses parcours personnels).
* Notre enjeu et la recherche pour y aboutir nous conduisent à explorer différents modes d’aide illustrée et ludique.
* Même quand certaines personnes sont à Bruxelles, en Belgique (même de puis un certain temps), ils ne connaissent guère le quartier dans lequel ils habitent. Comme le titre de ce service l’indique, d’une manière générale nous ne connaissons jamais intégralement un quartier, un espace particulier, un immeuble remarquable ; Nous croyions les connaître.
* La très faible connaissance du français parmi les émigré.e.s implique une aide par l’exemple (l’artiste-intervenant simulait un de ses parcours personnels), par le dessin pré-représentant, ou pas, un élément réel
* Prendre en compte cette difficulté rend la « collaboration » avec l’artiste-intervenant particulièrement complémentaire et intéressante.

Résultat ponctuel du travail en cours - approfondissement

Dès l’apparition d’une « localisation » d’un point précis, exact de l’itinéraire, citons: « je suis sorti du camion qui, depuis mon village dans la montagne, m’a conduit au port de la ville que l’on disait proche d’un autre pays,…» l’artiste intervenant esquisse la ville qui descend vers le port, le port entre l’océan et la mer, le détroit à franchir.

Ainsi de suite en suite, d’évènement en évènement, un trajet se tisse :

« …le temps long d’une navigation dans un énorme bateau rempli de camions, de voitures, tous les hommes et toutes les femmes affalé.e.s sur les ponts du navire; le débarquement dans des files encadrées par des policiers qui crient dans une langue peu semblable à la mienne, trois jours enfermés avec bien d’autres pour trouver le temps de montrer des papiers qui semblent acceptables, un autobus qui roule des heures en fin de journée sur une route pleine de tournants, laissant parfois apercevoir, sur la droite, une mer bleue, très bleue; arrivée avec d’autres cars, sur une place immense en bord de mer, avec une très haute colonne ronde et un homme à son sommet; un rendez-vous au pied de la colonne, encore payer, pour courir dans une foule sur une rue large, droite, montante, bordée d’arbres; la gare métallique, bruyante, le train comme un train; des heures dans ce train, des arrêts sans raison; une autre gare, il pleut, une sortie sur un marcher bruyant, des mots que je comprends parmi d’autres incompréhensibles, des odeurs à moi, un bâtiment très grand, très haut, ni des logements, ni des bars, un bassin d’eau; on me disait: c’est ici Bruxelles. »

C’était Al Hoceima, au pied des montagnes, puis Tanger, Algésiras, Barcelone, Marseille et Bruxelles, il pleut, dit-il étonné. Là tout un autre récit allait se construire.

L’artiste-intervenant pouvait deviner une partie du trajet, raconté point par point, nom après nom, pas toujours dans le bon ordre (il commence par « trois jours enfermés avec bien d’autres pour trouver le temps de montrer des papiers… » mais nous connaissons la forme de la côte avec ces noms de ville, si bien qu’il est possible de tracer une ligne chahutée, une espèce de courbe puis un trait presque rectiligne, incliné vers la droite, vers le haut du dessin,…

Là, à ce stade nouvelle difficulté : cette ligne-là leur est inconnue, incompréhensible, des noms, des silhouettes accrochées sur une corde, par grand vent.

* Prendre en compte cette difficulté rend la « collaboration » avec l’artiste-intervenant particulièrement complémentaire et intéressante,
* Visualiser les itinéraires et œuvrer à une pédagogie originale de la géographie,
* Expliquer la différence entre la terre et l’eau de la mer, une frontière aléatoire, une lisière, entre le solide et le liquide. Cette ligne hasardeuse copie la corde avec les noms de villes : ceci s’appelle un morceau d’une carte du monde, un papier sur lequel on peut dessiner nos trajets parcourus.
* Pas facile pour les émigré.e.s de comprendre le dessin d’une carte de géographie. L’abstraction indiquée par une seule ligne étrange pour faire un bord d’un territoire est « impossible. » Ce que nos amis émigré.e.s accepte immédiatement c’est un morceau de papier blanc aux bords aléatoires avec, sur ce papier: un point et le nom d’une ville.

Ce que nous avions fait c’était de découper une feuille comportant la ligne absurde et les noms de ville en morceaux (un seul nom sur un morceau).

Chaque morceau était accepté et brandi : « là, c’est Barcelona, là j’ai dû reprendre le train ! » dit l’Autre ; là c’est la colonne ronde avec un homme au-dessus, le dessin d’un bateau et d’une avenue.

Chaque morceau est accepté, juste, représentant une ville, tous les morceaux peuvent être assemblés comme un puzzle. La carte est construite, il n’y plus de dessiner un peu d’eau là où il en faut et de rejoindre tous les points d’eau.

Le récit cartographié existe ; une ligne, une lisière, ce que j’ai vécu… Qui, Quoi, Où, Quand, sont possible. Le dessin des lieux que je connais est fin. Nous nous en souvenons ; nous sommes persuadés les connaître.

L’objectif, les enjeux sont atteints.

Le service s’effectue sous forme d’un atelier fait d’échanges et de débats. Les acteurs.trices du projet sont rassemblé.e.s dans un espace, soutenu.e.s par une personne de référence encadrant habituellement les apprenants.es.

Il se construit sur une récolte de paroles, avis, commentaires spontané.e.s dans l'espace public à propos de l’espace urbain. Il ouvre une réflexion sur l’imaginaire, mais également sur la dimension concrète de la vie dans un milieu urbain et dans un milieu rural, les espaces qui les constituent, les choix politiques qui font ce qu’ils sont, les détournements, les adaptations et les transformations qu’ils subissent, proposent.

La notion « d’âme » attribuée à un lieu, à un espace sera ré-expliquée en se basant sur des échos de la réalisation du projet-pilote « Les Ames de la ville ». Ce sera l’occasion de diffuser un service réalisé précédemment pour déclencher la création d’une nouvelle action.  Il s’agira de comprendre cette notion, de la questionner, de l’enrichir avec les propositions, des observations, d’en débattre, etc.

L’atelier évoquera dans un premier temps les questions suivantes :

* qu’est ce qui est invisible ?
* quoi est invisible ?
* un sentiment est-il visible ?
* les sensations le sont-elles également ?
* est-ce que chacun est du même avis en regard de l’invisible ?

Ce faisant le service peut développer les mêmes objectifs en s’adaptant à d’autres thèmes ou préoccupations générales, par exemple  « les immeubles dans la ville « , « les monuments historiques dans la ville », « les noms de rue », « les inscriptions »  :

* Qu’apportent-ils.elles à un lieu ?
* Comment/par quoi s’exprime-t-ils.elles ? Qu’expriment-t-ils.elles ?
* Que reflètent-ils.elles de l’histoire d’une ville, de ses engagements ?

Le Théâtre de la parole pourra convoquer d’autres artistes, auteur.e.s,… pour étendre le débat, sous la forme d’un séminaire pour un public intéressé et/ou plus nombreux.

Le service utilisera différents éléments iconographiques (maquettes, dessins, photos,…). Des groupes pourront être formés pour travailler sur des cartographies.

Deux visites au moins sur le terrain permettront d’illustrer les propos et les travaux.

L’atelier fera collecte de documents de mémoire (photos, livres, cartes géographiques, archives, etc.).

Le travail de l’atelier mettra en évidence, en la valorisant, la subjectivité présente dans les propos et appréciations des lieux et espaces ; combien aussi la prise de conscience du rôle de l’imaginaire peut amener à exprimer des idées intéressantes, inattendues, des utopies innovantes, des critiques constructives.

Une importance particulière sera accordée à comprendre le rôle de notre appréciation (subjective) et ce qui gère notre comportement dans les bâtiments, les lieux et espaces.

  • Méthodologie et processus

Un lieu*

Quand on nous demande de décrire avec force de détails un lieu qui nous connaissons bien, nous découvrons que nous l’avons bien moins mémorisé que prévu, et que nous l’avons transformé.

* le lieu est entre autres la classe où nous sommes est un endroit, un lieu, là où nous sommes (bien), pour travailler,…
* le lieu est bon, agréable, nourrissant, positif, c’est comme la plage et la mer, ici respirer, maison, chambre, soleil, classe, école, cinéma, magasin
* le lieu est mauvais, désagréable, ou mauvais, négatif, c’est comme l’hôpital, la maison, tempête, hôpital, maison, endroit pour fumer, maison,… !

La connaissance du lieu est, de la sorte, soit démentie soit valorisée à partir de quelques critères constatés sur place par les apprenants.

La sortie du groupe pour déambuler dans la ville est ici essentielle pour permettre les réflexions en atelier.

Objectifs


* donner voix « autrement » à son espace de vie, et/où l’espace public

* arriver à l’exprimer en dessinant, lisant, écrivant, pour mieux en parler et le partager dans le sens propre

* entamer un processus artistique qui permette une certaine prise de distance et conscientisation par rapport à l’espace public dans toutes ses dimensions : sociales, historiques, politiques, économiques.

* faire résonner et entendre les lieux qu’on aime, qu’on n’aime pas, qu’on voudrait changer, qui sont indispensables à la société, qu’on voudrait quitter, qu’on a quitté, dont on voudrait se libérer, …

* parler de sa situation de vie du point de vue de son logement, de son habitat, et de son histoire et s’échanger avec les autres pour une prise de conscience critique, et pour son expression

* sensibiliser aux multiples dimensions (sociales, économique, politiques) de l’espace public et plus précisément de l’espace urbain.

* Accompagner la réflexion critique liée à la question du Territoire, des Territoires de vie (intime, commun) que représente l’espace public

* Valoriser la force de l’imaginaire et son expression

* Faciliter les rencontres et le dialogue entre personnes de diverses origines, âges, expériences,…

* Satisfaire à la curiosité et l’appréciation de l’espace public pour agir de toutes manières,

* Accompagner les participant.e.s, apprenant.e.s à étendre leur connaissance du territoire et les moyens de le représenter,

* Faire de leur récit souvent très douloureux une expérience dont on peut tirer un agissement positif, en supprimer la culpabilité, engendre une envie de dire et de faire mieux encore.

Si de ces manières nous intervenons avec le Récit pour outil déculpabilisant à l’échelle de l’émigration, il nous fallait aussi de rendre le lieu que je croyais connaître dans la ville (ou dans le quartier) que j’habite maintenant. Le même service est construit (sur une feuille aussi grande que l’Europe visitée) pour y représenter le quartier : le café que je fréquente, l’atelier ou je viens apprendre à dire et à voir… l’arrêt du tram que je dois prendre, le bureau de police devant lequel j’ose passer, le coiffeur, l’école des enfants, le parc où je découvre un nouvel ami.

Parallèlement au développement de nos ateliers devant le tableau noir (en réalité il était vers), sur la feuille de papier, il fréquente pratique vivante du quartier en tant que territoire à découvrir et connaître. De plus cette pratique a conduit les apprenants à interroger d’autres usagers de l’espace public. De plus encore, l’expérience s’est développée encore en plaçant dans l’itinéraire et les rues envisagées un autre artiste, (un juriste aussi artiste de la parole, co-auteur de notre conférence « le droit à la désobéissance ». Celui-ci complice avec les intervenants guides du groupe, jouaient la surprise et la découverte d’un ami de longue date mais que l’on retrouve enfin à cette occasion. Manière de l’intégrer dans le groupe où, très vite, spontanément, les apprenants voulaient « parler » avec lui…

Il s’agit bien pour nous d’user de l’espace public, lieux de rencontre des cultures différentes, lieux que nous apprenons à dire et à voir…

« Voir » avec notre cœur et nos yeux sera un autre atout de notre travail, car dans le quartier, ce sont des images de différents lieux fréquentés qui y sont implantés.

Facile de les rejoindre par des rues même fantaisistes (heureusement).

Quant aux quatre questionnements, notons, en ce qui concerne précisément cet outil pédagogique, les caractéristiques suivantes :

* Le chemin fait dans le cadre de ce service assure plus de confort dans nos déplacements, précise nos désirs et dont le chemin que nous allons prendre; tel est notre ouvrage de pédagogie et de formation.

* En ce qui concerne les droits culturels, c’est essentiellement au respect de l’identité culturel, de la différence et de la complémentarité que nous veillons à développer.

* Notre égard critique s’attache à mettre en évidence le fossé entre l’ensemble des dispositions prises par les autorités politiques et les services d’accueil et d’hébergement d’une part et la part qui est réservée à l’écoute des « arrivants », leur antériorité, leur culture et entité, d’autre part. Si les dispositions d’accueil « font ce qu’elles peuvent et le mieux possible, l’intégration des émigrés, leur insertion dans les milieux culturels, sociaux, administratifs passe par la confiance qui pourraient nous accorder et la découverte en douceur de la ville qui les attend !

* Nous insistons sur les résultats obtenus par ce projet. Celui-ci « détourne » l’attention douloureuse d’une arrivée et d’une intégration difficile, voire douloureuse pour orienter les envies, les audaces des émigrés vers une nouvelle connaissance d’une ville étrangère.

Manifeste

Quand nous travaillons comme précisé ici, ce service, dans ses actes, ses propos, devient également un véritable manifeste.

Marcher c’est apprendre à connaître l’Autre, l’aider et savoir voir l’espace et ses équipements qui nous accueillent. Pareille « promenade » devient aussi un acte politique d’autant qu’il flirte avec la lisière entre le contexte obligé de la réalité et l’art d’agir et de dire.

* De cette façon, avec ce service, agir et voir, c’est faire de la politique en dehors des oppositions identitaires,

* Nous luttons contre la hiérarchie pour la remplacer par les différences complémentaires,

* Nous énonçons une étique contre l’appartenance, contre l’essentialisme,

* Malgré les difficultés des discours, nous parlons établir une égalité universelle des gens que nous rencontrons, avec lesquels nous travaillons, nous vivons. Ceci pour n’accorder de valeurs qu’à ce que chacun.e vit,

* Déclinant « Ces lieux que je croyais connaître » c’est l’Autre, sensible aussi, que je pense pouvoir connaître et donc je reconnais la sentence.

* Nous pourrions (devrions) taire nos difficultés et nos compétences pour ne plus donner (parler) que de ce que nous vivons respectivement. L’art nous autorise à construire là où nous vivons.

  • Mobilisation du public

Le public associatif du Tefo asbl a manifesté son désir d’entamer avec le Théâtre de la parole un nouveau projet accompagné par les acteurs.trices sociaux de l’asbl.

Il s’agit d’appliquer la méthodologie propre au Théâtre de la parole à ce projet aussi et à rester ouverts tout au long du cheminement à ce qui permettra de « construire » une création collective, reflet d’une pensée partagée, commune et critique de l’espace public.

Ainsi, la forme et le matériel s’adapteront au statut et au nombre d’apprenants.

Ce service, quel que soit son envergure, pourra se concrétiser par une publication, une exposition, un nouveau débat, un développement ultérieur.

Nous avons soutenu la proposition exprimée par le groupe de réaliser avec les enfants qui fréquentent l’école de devoir dans l’association le même genre de projet afin que des rencontres intergénérationnelles puissent avoir lieu à certains moments pour confronter les points de vue entre les enfants (6 à 12 ans) et les adultes sur l’Espace public.

Avec les publics jeunes, la concrétisation sera surtout orientée sur l’expression graphique, la localisation des lieux, les différences observées à propos de ces lieux.

La concrétisation / la matérialisation / l’objectif est de réaliser des travaux graphiques qui permettraient de localiser géographiquement des endroits, des espaces, des immeubles, des parties d’immeubles qui auraient une histoire, un sens pour les participants.es.

Dans un deuxième temps, ilselels ont été invités.es à raconter ces lieux, à en faire une narration fictive.

On se réinvente pendant la crise sanitaire

A peine les ateliers/rencontres avaient-ils commencé qu’ils ont dû être arrêtés en raison du premier confinement en mars 2020. La coordinatrice du Tefo, le Théâtre de la parole et l’artiste intervenant ont tout de suite décidé de poursuivre une fois que la situation le permettrait. C’est pourquoi en adhésion avec le partenaire, les ateliers rencontres ont repris en juin 2020 et ce, avant que les participants.es ne se séparent pendant les grandes vacances de l’été. Ces ateliers ont été conçus comme des séances de transition, avant une reprise que nous espérions plus soutenue en septembre 2020. Trois séances ont donc eu lieu en extérieur afin d’éviter l’absence de certains.es participants.es par crainte d’une contamination ou de braver une situation perçue comme « interdite ». Le contenu a donc été quelque peu adapté surtout dans sa forme pour que ces séances de dé-confinement soient significatives et remarquées, qu’elles fassent transition et complément avec le programme en cours.

Quatre axes formels ont servi de point d’appui à ces « reprises » :

  • Après une trop longue absence : se retrouver
  • Faire autrement connaissance : d’où vient on et où va t on ?
  • Tisser des regards pour s’entendre : cartographie ophtalmique
  • Laisser manifestement une trace sur le pavé

Après ces trois séances et l’interruption des grandes vacances, 4 ateliers/rencontres ont pu à nouveau avoir lieu (« 0 septembre, 7 octobre, 14 octobre, 21 octobre)

Lors de ces séances juste avant le second confinement, la fresque murale a été entamée dans sa réalisation par le groupe. Le second confinement a eu raison de sa finalité. Cependant un livret pédagogique a été rédigé suite à ce processus particulier et adapté. Il constitue aujourd’hui l’outil pédagogique de référence.

Pistes d'utilisation


Ce service est le résultat de rencontres nées de l’envie d’interroger l’espace public dans ses dimensions de « passeur » de l’Histoire (la Grande), des histoires (celles des gens), mais aussi de reflet de la vie en société, de ses enjeux et de ses potentiels pour le.la citoyen.ne

Il a dû être adapté à la situation liée au Covid et au confinement qui a empêché toutes les rencontres d’avoir lieu comme cela avait été prévu. Cependant un livret pédagogique retrace les étapes à réaliser pour mettre en place un projet similaire et qui permet tout adaptation nécessaire.

Utilisation première

Suivre pas à pas les étapes reprises dans le livret pédagogique, faire confiance aux notions qui sont partagées dans son contenu.

Ce contenu s’adresse à des acteurs.trices sociaux désireux.ses d’aborder l’espace public de diverses manières mais toujours dans un esprit analytique et critique des enjeux de société qu’il véhicule.

’outil présenté a été réalisé dans le cadre des missions d’Education permanente.

Ces pistes d’utilisation/pédagogiques ne sont que des propositions, chaque utilisateur.trice est invité.e à se saisir de l’outil comme il.elle l’entendra dans le respect de la dimension initiale et sans en détourner le propos.

Cet outil est le résultat de rencontres nées de l’envie d’interroger l’espace public dans ses dimensions de « passeur » de l’Histoire (la Grande), des histoires (celles des gens), mais aussi de reflet de la vie en société, de ses enjeux et de ses potentiels pour le.la citoyen.ne

Il a dû être adapté à la situation liée au Covid et au confinement qui a empêché toutes les rencontres d’avoir lieu comme cela avait été prévu. Cependant un livret pédagogique retrace les étapes à réaliser pour mettre en place un projet similaire et qui permet tout adaptation nécessaire.

Support


Fresque murale au Tefo

Livret pédagogique

Cartes promenades interactives

Diffusion


* Grâce à son site à partir duquel.

* Par Kaléidoscope - FWB

* Par le « bouche à oreille » et le contact direct avec les acteurs sociaux, le public qui fréquente le Théâtre de la parole, les relations professionnelles dans le milieu social et artistique

Bibliographie


Italo Calvino
La machine littérature, 1984
Pourquoi lire les classiques, 1991

Boris Cyrulnik
Le récit de soi, conférence
Mourir de dire : la honte, Odile Jacob, 2010
Parler d’amour au bord du gouffre, Odile Jacob, 2004 La nuit j’écrirai des soleils, Odile Jacob, 2019

Michel De Certeau
L’invention du quotidien, Art de faire, Collection 10-18

Franck Lepage
Education populaire, une utopie d’avenir, éditeur lesliens qui libèrent 2012

Valère Novarina
Devant la parole, P.O.L.

Michel Onfray
Théorie du voyage : Poétique de la géographie, LGF, 2007

Contact


Animation, formation et accompagnement ainsi que mise en place d’un évènement – Magali Mineur –magali.mineur@theatredelaparole.be


Expositions vivantes

Education permanente

Retrouvez notre programmation complète sur notre page consacrée à l’éducation permanente