UNE

Projet mené (service) en 2020 et 2021

Sur une proposition originale de Régine Demey
Coordination générale Magali Mineur
Artiste intervenante Bénédicte Wesel

 

" Vivre et transmettre. Eprouver, partager, créer seul et ensemble…

Un projet qui tisse du lien et met en lumière. Un projet qui ouvre à une réflexion sur le Monde, les Autres, et Soi "

Régine Demey

Elaboration


  • Le cadre

Dans le cadre de la thématique des Invisibles et des Indicibles territoires, le Théâtre de la parole soutiendra le projet conçu par Toutella asbl axé sur les territoires intimes et plus précisément les territoires qui oscillent entre l’Etre soi et l’Etre avec (d’Autres).

La question de l’expression de soi, du territoire « intime » (territoire de la pensée sur, du développement de l’esprit critique, ..) vers l’extérieur (territoire du social, de la famille, du travail, ..) sera posée dans le cadre de la psychiatrie et/ou de la santé mentale grâce au vecteur artistique. Et plus particulièrement l’art plastique (la sculpture) au service de l’expression individuelle et collective afin de les rendre visibles, d’établir un terrain de plus grande égalité, de susciter une autre forme d’écoute de l’Autre, de susciter la curiosité (levier de la prise de conscience et de la réflexion critique), ... de réaliser un.des support.s qui fassent lien entre les citoyens.nes en situation de fragilité psychologique et les citoyen.nes du monde extérieur.

Grâce à l’expérimentation déjà menée et vécue par Régine Demey (Toutella asbl) sur le sujet, une série de rencontres-ateliers serviront de lieu de réflexion dans un premier temps puis de création dans un second temps.

Psychologue et artiste multitâches de formation, ayant connu une période de décompensation, de dépression, (d’expérimentations donc) en psychiatrie, Regine Demey prend spontanément la plume durant cette épreuve pour écrire de la poésie et des histoires courtes. Forte de cette expérience, elle décide de publier son livre sous le titre « Une ». Cela mis en route, elle désire que son livre soit, comme objet artistique, un appui de témoignage et de réflexion personnelle. La transmission phare étant qu’une flamme allumée, veillée et stimulée par le passé peut se révé(il)ler même dans les nuits les plus épaisses et vides de sens. « Même oubliées, les graines semées, peuvent avoir poussé en fleurs. » 

Le sujet des « territoires » de chacun sera expérimenté, en groupe, par la conscientisation de leurs limites à travers les sensations corporelles, le travail de la terre (sculpture) et de la parole. Ces rendez-vous particuliers seront ouverts aux habitants.es des logements du Domaine et des personnes qui fréquentent l’Espace 51 et également au personnel soignant, en vue d’une recherche commune/collective sur le sujet.

  • Plus précisément les enjeux

La pratique artistique nous semble être le vecteur idéal puisqu’il répond au besoin vital d’être en contact avec soi-même et les autres. De plus il permet d’accéder à l’imaginaire, le sien et celui du collectif, du commun, force puissante pour amorcer les changements, pour s’en convaincre il suffit de se plonger dans l’histoire des révolutions et de leurs dimensions imaginaires (chants, affiches de propagande, illustrations dans les journaux, manifestes, ...). Il accompagne parfois un total changement de posture face à des apriori, des idées toutes faites, des comportements enfermés par des injonctions familiales, mais aussi sociales et culturelles.

Dans ce cas précisément, cette exploration permettra de mettre en lumière des ressentis et des points de vue qui pourrait concourir à démystifier l’univers de la psychiatrie et de la santé mentale, parfois perçu de façon erronée. Sans prétendre changer du tout au tout la vision que beaucoup de personnes ont de cet « univers » ce projet participera à sa hauteur aux changements des mentalités, une manière de dépasser les préjugés pour construire mieux, ensemble.

De façon plus général, ce projet contribue à l’exercice de la liberté d’expression et des droits culturels pour un public dit dans ce cas « fragilisé ».

La préservation du domaine de la santé, ici territoire privilégié de la création de l’outil UNE, est un des territoires les plus durement acquis par le passé et qu’il nous paraît plus que nécessaire à questionner dans ses rapports qu’il entretient avec la société, l’économie, le travail, l’éducation.

  • Les partenaires du projet

Toutella asbl

L'artiste de cette asbl, Régine Demey est linitiatrice de ce projet.

Elle est artiste, conteuse, chanteuse, créatrice d'objets, psychopédagogue (psychocorporel)

Bénédicte Wesel :

Sculptrice

Partenaire dans le milieu médical

Le Domaine

L'association a pour objet d’assurer la gestion du Centre Hospitalier Psychiatrique «Le Domaine» à Braine-l’Alleud, ainsi que toute autre institution de santé mentale dans la province du Brabant Wallon. L’ensemble de ses actions conduisent à une prise en charge optimale du patient par un travail en équipe multidisciplinaire et en réseau.

Espace 51

L’Espace 51, situé au 51 rue Thiéfry à Bruxelles (Schaerbeek), est né d’une part de recherches de travail commun de plusieurs partenaires du secteur psycho-social et culturel en vue de décloisonner chaque institution et d’accentuer leur porosité à la cité et d’autre part de la façon dont les bénéficiaires de ces lieux se sont emparés de cette mise en mouvement. L’asbl La Gerbe SSM et l’Heure Atelier asbl ont eu l’opportunité de proposer un lieu qui incarnerait ce souhait de transversalité.

  • Travail préparatoire

Tissées avec ces explorations, une artiste sculpteuse interviendra pour accompagner les participants.es dans la découverte du travail de la terre et la réalisation d’objets/figures aux facettes aussi nombreuses et multiples que d’expérimentations personnelles. 

Cette collaboration donnera lieu à la réalisation, d’un livret qui accompagnera l’ouvrage intitulé « Une », et d’un support outil (forme à définir en fonction des rencontres et du travail collectif) qui permettra d’être utilisé par d’autres pour explorer les droits culturels de tout un chacun.

Plusieurs étapes seront réalisées :

* Phase de documentation, de recherches et d’exploration de la matière par les artistes intervenantes ( poursuivie tout au long du projet de réalisation)
* Mise en place d’un plan d’actions qui soit au plus près des intérêts des personnes concernées et pour inviter à une réflexion « vraie » sur l’engagement à plus long terme des personnes intéressées.
* Première rencontre lors de laquelle la présentation du livre « Une » servira de point d’appui pour un échange question-réponse (patients et soignants)

Moment aussi d’Informations sur le concret et les contenus des rencontre-ateliers à long terme. Cela pour dégager d’emblée les pistes d’exploration/de thématique souhaitées par les participants.es.

  • Méthodologie et processus

Tous les ateliers commenceront par un moment convivial, nous prendrons le temps d’installer la relation, de parler du quotidien de chacun, d’écouter les participants, de répondre à leurs questions…

Il s’agira d’inviter tout un chacun à revenir à soi, à communiquer et à créer soi-même en utilisant les 5 sens, et la parole, grâce à des activités ludiques et dans le plaisir. Par cela, nous visons une dé-dramatisation de l’espace-temps de la psychiatrie et de la santé mentale. Aussi de rendre accessible la parole des patients, des soignants.

Phase de traitement de la matière orale *

Les paroles serviront de point d’appui à la réalisation en terre. Après une phase de sensibilisation à la terre et à la sculpture, les participants seront invités à utiliser ce vecteur « matière » pour transposer leurs paroles en création originale et unique. Guidé par une sculptrice ils seront accompagnés avec attention, et non pas guidés afin que chacun puisse tester une forme d’expression propre. Il s’agira alors de laisser libre cours à la création artistique et non pas de viser un objectif de réalisation pour éviter les jugements, les cloisonnements, les comparaisons.

La dernière phase de mobilisation concerne la mise en page du livre « Une », augmenté d’un livret pédagogique reprenant la méthode du Théâtre de la parole expérimentée dans le cadre du projet, les paroles collectées, les photos des réalisations.

Livre « Une » comme déclencheur d'un travail de réflexion **

La première chose qui structure la démarche, c’est l’objet lui-même. Il demande de réaliser des étapes par les uns ou et les autres.

L’important est que les participants nous sentent au même niveau de responsabilité, d’engagement et de connaissance qu’eux. Il s’agit d’une recherche et d’une création collective où chacun donne et reçoit ce qu’il peut. Il s’agira de fonctionner de façon empirique. Nous ne pourrons avoir la prétention de faire un outil « scientifique ». Cependant, nous pouvons avoir une exigence quant à la précision des informations et le respect des authenticités de chacun.

Il s’agit de réaliser un support papier contenant des créations artistiques prises en photos, écrites et mises en page avec des observations objectives et subjectives liées aux vécus de chacun par rapport à la psychiatrie. Rien n’empêche d’y joindre du son.

Tout en transmettant et en utilisant leur compétence, ils sont amenés à pratiquer la sculpture, l’oralité et l’écriture.

L'utilisation du livre comme base permet aux participants de se rattacher à un support existant pour ensuite laisser libre cours à leur imagination.

Relation soignants/Patients***

La responsabilisation passe par l’intérêt suscité chez le participant. C’est en réveillant leurs envies, leurs fiertés, leurs compétences, leurs émotions que l’on pourra compter sur les participants. Cette mise en mouvement dépend de la cohérence de l’équipe accompagnante. Il est nécessaire qu’un lien régulier existe entre les soignants et les animatrices. Si les encouragements proviennent sans pression de chaque intervenant, le sens de la démarche est un appui à la fidélisation et à la mise en actes des patients. La notion aussi d’utilité de cet atelier pour beaucoup d’autres patients en Belgique peut être un moteur solide de mise en œuvre. De petites tâches concernant le bien-être de tous peuvent leur être confiées à chaque atelier.

* Qui occupe les institutions psychiatriques ?
* Quels sont leurs facteurs et moteurs de retour de la flamme personnelle (envie de vivre) ?
* Que voudrait dire ces individus aux personnes qui sentent un mur entre eux et la psychiatrie ?
* Quel est le mode d’emploi du quidam face à un patient en psychiatrie ?

Objectifs

* Utiliser le langage artistique comme outil pour impliquer les membres d’une minorité souvent perçue comme « invisible » par la société à la dimension citoyenne.

* Fédérer des publics dans une même dynamique en permettant de développer la conscience de soi, son humanité tout en allant à la rencontre des Autres et des humanités de l’Autre

* Proposer la création artistique comme outil de connaissance des territoires intimes, et de la parole au service de ce territoire pour mieux appréhender le monde

* Sensibiliser au partage et à la transmission par la création artistique d’une réalité psychiatrique Autre.

* Initier un questionnement citoyen pour interroger la société, ses règles, ses normes, son cadre et ses dimensions politiques par rapport au domaine de la santé mentale

* Ouvrir la porte et s’appuyer sur la mémoire collective comme outil pour lutter contre la fracture sociale, spatiale et culturelle

  • Mobilisation du public

La collaboration avec Le Domaine et l’Espace 51 nous permettra de rencontrer les personnes accueillies dans les habitations protégées, à l’hôpital et les soignants. La trajectoire de Régine Demey facilitera l’installation d’une relation de confiance indispensable au bon déroulement du projet.

Les Ateliers

 Il s’agira d’un groupe constitué de « volontaires » qui en s’y inscrivant viennent avec une compétence reconnue par eux et l’équipe soignante dont le groupe aura besoin pour réaliser l’outil (capacité d’écoute, motivation, curiosité, envie, besoins, ..)

Tous les ateliers commenceront par un moment convivial, oùles animatrices prendront le temps d’accueillir les participants.es. Afin d’installer une relation de confiance, chacun sera invité à se situer « ici et maintenant » et à le nommer dans le respect de son temps de parole et de sa place dans le groupe. 

Il s’agira d’inviter tout un chacun à revenir à soi, à communiquer et à créer soi-même en utilisant les 5 sens, et la parole, grâce à des activités ludiques et dans le plaisir.

Par cela, nous visons une dé-dramatisation de l’espace-temps de la psychiatrie et de la santé mentale. Aussi de rendre accessible la parole des patients.tes, des soignants.tes. Dans l’esprit d’autres collaborations artistiques en psychiatrie, Régine Demey proposera de « désétiqueter » patients.es, soignants.es et accompagnants.es

Il s’agit donc de s’intéresser à la personne afin de valoriser l’ « authenticité » en nommant les participants.es par ce terme et leur prénom sans distinction de statut. 

Nous tenterons d’inviter des spécialistes de la question pour des rencontres informelles afin de dégager des points de vues variés et de pouvoir échanger en confrontation avec le travail effectué en atelier. Cela pour nourrir la prise de conscience des réalités de la société.

De la même façon, des documentaires seront proposés aux participants.es sur le sujet et pendant le processus de création.

Il sera primordial (et cela fait partie intégrante de la méthodologie du Théâtre de la parole) de veiller à l’égalité quant au sens des responsabilités, d’engagement et de connaissances propres. Il s’agira une fois encore d’une création collective où chaque personne donne et reçoit ce qu’il.elle peut et du mieux possible.

Les artistes (par la sculpture notamment) veillerons à éveiller les « envies, les « fiertés », les compétences, les émotions qui seront autant de points d’appui pour rendre solide le groupe. L’équipe accompagnante sera au cœur du bon fonctionnement de la méthode. Un lien régulier sera nécessaire entre les soignants.es et les participants.es

Phase de traitement de la matière orale*

Les paroles serviront de point d’appui à la réalisation en terre. Après une phase de sensibilisation à la terre et à la sculpture, les participants.es seront invités.es à utiliser ce vecteur « matière » pour transposer leurs paroles en création originale et unique.

Ils.Elles seront accompagnés.es par une artiste sculptrice avec attention, (et non pas guidés) afin que chacun.e puisse tester une forme d’expression propre. Il s’agira alors de laisser libre cours à la création artistique et non pas de viser un objectif de réalisation pour éviter les jugements, les cloisonnements, les comparaisons.

La dernière phase de mobilisation concernera la réalisation proprement dite de l’outil et de façon collective. Il se composera de la version finale du livre UNE augmenté d’un livret -outil et d’une autre forme de support à définir

On se réinvente pendant la crise sanitaire


Alors que les ateliers devaient commencer en mars 2020, le confinement a empêché toute réalisation avec le Domaine asbl.

Cependant, les liens ont été maintenus entre l’asbl partenaire Toutella (Régine Demey) et l’Espace 51 et les ateliers ont pu reprendre avec eux en août 2020 et jusqu’en décembre (10 rencontres dont une journée complète)

Les conditions de réalisation étaient difficiles cependant l’expérience et la volonté des artistes intervenantes, leur grande souplesse d’action également, ont permis à plusieurs participants.es (entre 3 et 7 personnes) de suivre plus ou moins régulièrement – d’une séance à l’autre le groupe fluctuait quant à son nombre – les ateliers. Ils avaient parfois lieu dans le couloir de l’Espace 51, puisque les conditions strictes d’interventions empêchaient toute réservation de locaux adaptés...

La circulation des personnes dans le couloir – territoire de passage a cependant été saisi par les artistes comme un territoire d’exploration privilégié et elles sont parvenues grâce à des capacités d’écoute et de réalisation à sensibiliser certaines personnes qui ont poursuivi le parcours pour certains.es jusqu’au 19 décembre, date à laquelle une journée en extérieur a été organisée au sein de l’asbl Toutella pour clôturer le projet avec les participants.es.

Ainsi l’outil final « valise pédagogique » comporte :

  • Un livret qui reprend les traces photographiques des réalisation en terre (sculptures), et une présentation de la méthodologie
  • Une série de cartes-jeu à deux faces (illustration par les représentations sculptées augmentées des récits/poésies) qui peut servir en exposition et qui s’emboîtent les unes dans les autres sous différentes formes. Cette partie de l’outil a été entièrement construite à partir des ateliers avec les participants.es. Elle reflète la dimension multiple de l’approche de la question des territoires par le sensible et plus précisément du territoire psychiatrique. Nous sommes constitués de plusieurs « fragments » représentés ici sous cette forme et qui renvoie à l’universalité de l’humain.

Pistes d'utilisation


L’outil présenté a été réalisé dans le cadre des missions d’Education permanente.

Ces pistes d’utilisation/pédagogiques ne sont que des propositions, chaque utilisateur.trice est invité.e à se saisir de l’outil comme il.elle l’entendra dans le respect de la dimension initiale et sans en détourner le propos.

Cet outil est le résultat d’un travail collectif mené dans des conditions particulières liées à la situation Covid de l’année 2020 avec des personnes de l’Espace 51 à Bruxelles. Ces conditions « restrictives » ont fait résonner la thématique des territoires comme jamais, puisqu’elle était au coeur de ce que la société dans son ensemble vivait à ce moment-là.

Ainsi le territoire psychiatrique celui que l’on perçoit parfois comme celui de l’enfermement, est devenu pour un temps une sorte de reflet des « enfermements » créés par la situation due au Covid – enfermement pour la sécurité sanitaire, enfermements dans des espaces segmentés, enfermements dans des situations rendues difficiles économiquement, d’un point de vue des relations sociales, familiales, ...

Utilisation première

La valise pédagogique comprend :

Un livret qui reprend les photographies des œuvres réalisées. Chaque œuvre présente un texte qui est le fruit de la réflexion entamée pendant les ateliers. Chaque texte peut être le support d’une discussion ouverte sur la thématique de :

  • La solitude
  • La stigmatisation
  • L’autorité médicale
  • La santé mentale qu’est ce que c’est ?

Une série de 12 cartes de jeu composée des photographies des oeuvres réalisées (y compris textes) et qui peuvent s’assembler de différentes manières.

Possibilité de créer un assemblage propre à chacun à partir des cartes et échanges.

Utilisation seconde

Organisation d’ateliers sur demande avec pour objectif la poursuite de la production des cartes afin de développer l’ensemble de départ par d’autres contributions tout public.

Diffusion


Le projet a été diffusé auprès des habitants du Domaine, de l’Espace 51.

Par ailleurs, le Théâtre de la parole a assuré la diffusion :

* Grâce à son site à partir duquel des liens peuvent renvoyer à l’outil final et à son utilisation possible

* Par Kaléidoscope - FWB

* Lors de l'évènement "A contre-courant" en janvier 2022 où une animation complémentaire a été réalisée par Regine Demey auprès d'un groupe de jeunes femmes en apprentissage de la langue française

* Lors de toute demande faisant l’objet de réalisation des ateliers-outil à partir de la méthodologie reproductible

Contact


Animation, formation et accompagnement ainsi que mise en place d’un évènement – Magali Mineur –magali.mineur@theatredelaparole.be


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